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Cloches. Un vrai patrimoine breton

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Cloches. Un vrai patrimoine breton  Empty Cloches. Un vrai patrimoine breton

Message par Admin Jeu 20 Sep - 22:43


Cloches. Un vrai patrimoine breton  719
Les Bretons sont très attachés à leur patrimoine campanaire " affirment Franck Olivier et Dominique Taillandier, les créateurs d'Art Camp à Pommeret, l'une des trois entreprises campanistes installées en Bretagne. Des hommes passionnés par ce métier qui exige un grand savoir-faire et une extrême rigueur : quand les cloches de plusieurs tonnes battent à la volée, elles triplent leur poids, d'où d'énormes efforts sur la structure (beffroi, clocher). Le reportage de Claude Prigent. Plus d’infos sur www.letelegramme.fr







Les Bretons sont très attachés à leurs cloches. Ils y consacrent des sommes non négligeables pour les entretenir et les faire fonctionner. Avant tout dans un souci de préservation et de transmission du patrimoine. Par attachement identitaire, aussi...
Elles rythment moins le quotidien qu'autrefois. Elles annoncent également moins souvent les offices religieux, raréfaction du clergé oblige. Et pourtant, contrairement à d'autres régions, la Bretagne continue à choyer ses cloches.

Il est vrai que, riche de 6.000 églises, chapelles et abbatiales, l'art campanaire fait partie de son ADN. Rien d'étonnant à ce que les Bretons y consacrent plusieurs centaines de milliers d'euros chaque année.

« Record de France absolu »


« En réalité, 1.000 à 3.000 € par an, en moyenne, pour l'entretien des cloches, ce n'est pas énorme pour une commune. C'est plus sensible lors de gros travaux de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Mais, une cloche, ça dure 300 ans et, après intervention, on peut attendre dix ans pour la structure », affirment Dominique Taillandier et Franck Ollivier, les patrons d'Art Camp à Pommeret (Côtes-d'Armor). « On explique aussi que 40.000 € sur les cloches et leur environnement, ça peut éviter de dépenser ensuite 100.000 € sur la structure du clocher. »

De fait, pas question de le faire « petit joueur » : un bourdon de trois tonnes triple son poids en poussée ! Excès de jeu ou rigidité excessive, mauvais calage entre les cloches peuvent provoquer des vibrations destructrices. De ce fait, les jougs, bélières et beffrois doivent être conçus et réalisés sur mesure.

Le message passe bien en Bretagne où les campanistes ne manquent pas d'ouvrage. Douze cloches neuves - « record de France absolu » - ont même été posées en 2016. « Cet engouement s'explique car les cloches sont les témoins de l'Histoire locale, portant le nom des parrains ou marraines. C'est aussi la musique berçant le quotidien depuis l'enfance. Après, on comprend que les budgets sont serrés et que les élus puissent s'interroger sur leurs priorités ».





Hervé de Lavilleon, lui, ne s'est pas posé de questions : « Je suis parti à la pêche aux subventions pour redonner vie à un monument historique et faire travailler des entreprises », explique le maire des Iffs. Dans cette petite commune d'Ille-et-Vilaine, les cloches étaient muettes depuis plusieurs mois. Elles marqueront à nouveau les heures et l'angélus en mars. La restauration de l'église et de son clocher ouvert aura coûté 300.000 euros, dont 10 % à la charge des 280 habitants : « Pratiquants ou pas, les gens sont attachés aux cloches. C'est notre identité, et ce d'autant plus que notre carillon sort de l'ordinaire ».

Des associations motivées


« Les cloches ont un nom, elles font partie de notre patrimoine », assure, lui aussi, Nicolas Floch, maire de Saint-Pol-de-Léon (Finistère). Dans le plus haut clocher de Bretagne, le second bourdon s'est tu en février 2015, en raison de risques d'effondrement. Pour financer sa part des trois millions d'euros de travaux de rénovation - le tiers de la somme - la commune a lancé un appel aux dons via la Fondation du patrimoine. Celle-ci collecte aussi des fonds pour les multiples associations sans lesquelles nombre de chapelles auraient disparu.

Les Amis de Saint-Jacques ont ainsi pris le relais de la commune de Saint-Alban (Côtes-d'Armor) pour restaurer la chapelle éponyme. En complément de subventions (60 %), l'association recueille 10.000 € par an. Le campanile rescapé de la Révolution a été rénové et on a posé une nouvelle cloche (de 1851). Motivation : « Transmettre aux générations un beau patrimoine », explique Guillaume Gouault, le président des Amis de Saint-Jacques.

Bref, sauf cataclysme, ce n'est pas demain que les cloches bretonnes se tairont. Souhaitons seulement que la « rigueur » ne conduise pas à utiliser des artifices (synthétiseurs) ou des méthodes banalisant leur expres​sion(lire ci-dessous).

Mais les clochers bretons en ont vu d'autres, au fil de l'Histoire.


UN PEU PLUS ?

Très présentes dans la vie quotidienne



On a tous à l'esprit le tocsin qui annonçait les guerres. Mais, plus pacifiquement, au-delà de leur fonction religieuse, les cloches et carillons rythmaient la vie de tous les jours « à une période où les gens ne portaient pas de montre au poignet et travaillaient dans les champs », souligne Bernard Rio, auteur de « Voyage dans l'au-delà. Les Bretons à la vie à la mort ». Le fameux tableau « L'Angélus », de Millet, en porte témoignage.

Un code sonore complexe


Mais les cloches étaient aussi utiles pour annoncer les mariages, naissances - avec un nombre de battements supérieur dans le cas d'un garçon - ou décès : « Le traitement était différent selon la classe sociale du défunt. On savait si l'événement concernait une femme ou un homme, un enfant, un noble, un prêtre ou un menuisier et leur âge ». « C'était un code complexe que les gens connaissaient », ajoute l'historien Gérard Lommenech (*). On prêtait également aux cloches la vertu de calmer les orages, voire d'éloigner les mauvais esprits ou de guérir des maux de tête, s'agissant des cloches à mains gallo-romaines que l'on trouve encore à Saint-Mériadec.

Les cloches ont aussi parfois payé au prix fort les turpitudes humaines : le clocher de Lambour, à Pont-l'Abbé, a été rasé pour avoir sonné la révolte des Bonnets rouges. Aujourd'hui, le ton est plus apaisé. Les cloches se contentent d'annoncer les offices religieux, de saluer le départ des bateaux de guerre à Larmor-Plage et de marquer le temps qui passe : tous les quarts d'heure, à Tréguier, les demi-heures, à Plouarzel, ou toutes les heures généralement, de 7 h à 22 h, un consensus s'étant dégagé pour que les cloches ne sonnent plus la nuit.

Les plaintes pour nuisances sonores sont rares en Bretagne, émanant, en général, de néo-ruraux. Tels ces retraités, qui après avoir acheté l'ex-presbytère dans une petite commune morbihannaise, il y a quelques années, ont lancé une pétition pour faire arrêter les cloches. Les habitants se sont mobilisés pour le maintien et les plaignants sont repartis. En fait, s'ils râlent, les Bretons, c'est quand leurs cloches ne sonnent plus, pour cause de travaux, sont déréglées ou ne teintent plus « comme avant ».

* « Cloches et carillons de Bretagne » (Coop Breizh).



Sons de cloches


Les plus lourdes.
Le bourdon « Godefroy » (7,938 tonnes) de la cathédrale de Rennes et celui de Sainte Croix de Nantes (8,069 tonnes).


Les plus anciennes.
Elles se trouvent dans la cathédrale de Quimper (1312) et dans le beffroi de Fougères (1387). 145 cloches sont classées au titre des Monuments historiques. Il subsiste aussi six cloches à main datant des moines celtiques et huit roues à carillon.

Cloches du nord et cloches du sud. En Bretagne, comme partout dans le nord de la France, les cloches sonnent en « lancé », le battant allant frapper la cloche à son point le plus haut. Dans le sud, le battant ne bouge pratiquement pas, d'où des contraintes moins fortes mais aussi une palette d'expression plus réduite, type carillon. La période assez longue entre deux battements laisse aux cloches « bretonnes » le temps de se mettre en vibration et de s'exprimer en révélant pleinement les cinq harmoniques (notes) principales.

Un patrimoine à valoriser. Non content de les faire sonner à toutes volées, quand elles seront réparées, voire pour mettre en musique la cathédrale, le maire de Saint-Pol-de-Léon souhaite aussi les faire visiter et découvrir le travail d'orfèvre de campanistes.


Électricité. Contrairement aux idées reçues, l'électrification du mouvement des cloches préserve mieux la structure du clocher que le maniement manuel d'autrefois, plus irrégulier.



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