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Souvenirs de maisons closes parisiennes par Mr Georges

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Message par Admin Dim 5 Mai - 21:03

Souvenirs de maisons closes parisiennes par Mr Georges Sans1821

Quand on entre dans le domaine de la confidence, surtout quand votre papier va être lu par cent et mille pékins, peut-être même traduit en mandarin, ça vous fait cogiter. Alors vous balancer comme ça les confessions de grand-mère Lolotte…

Bon. Faut quand même y aller. Pour l’Histoire… Courage ! Courage et altruisme…

Imaginez-vous donc à Paris en pleine guerre de 14. Le front était assez prêt pour y aller en taxi ou, parfois, entendre le son du canon… En ce temps-là, ma grand’mère ne s’appelait pas encore Lennick, comme moi, bien qu’elle le méritât, mais Plumier. Lolotte Plumier. Ça lui allait tout aussi bien. Mamie Lolotte était née le 1er avril 1899, au 3ème étage, 3 rue des Filles du Calvaire dans le 3ème. Et d’après ce qu’elle m’a dit, elle fut digne de son nom, Plumier, drôlement en avance pour ses 12 ans, taillant avant l’heure de belles plumes aux oncles et voisins de la rue des Filles du Calvaire, pour se faire un peu d’argent de poche. Faut dire qu’à Paris le petit peuple vivait sur la corde raide en ce temps-là. Elle méritait aussi son prénom, Lolotte, car dès 16 ans elle arborait déjà une avant-scène de pro avec un 105 bonnets D à vous couper le souffle. Et comme elle rata son certificat d’étude pour la 3ème fois (elle ne sut pas dire quelle était l’activité économique phare de Lons-le-Saunier préfecture du Jura bien qu’elle sut cette spécialité pour St Claude, à peine chef-lieu de canton ; et elle ne trouva pas non plus le nom du département qui précédait le Rhône, 69, alors que lui, le 69, elle le connaissait par cœur), elle se mit à glander du côté de Pigalle où y’avait toujours du taf.

Lolotte tomba un soir de balloche sur Dick Lennick, mon grand-père, danseur mondain de vingt ans son ainé, grand joueur de clarinette, pro du léchage de caramel mou et occasionnellement rabatteur pour un des lupanars les plus courus de Paris, les Belles-Poules. Comme Lolotte aimait autant le saut à l’élastique, les sucres d’orge à l’anis que les biftons, et comme elle n’était pas non plus avare de ses faveurs, elle embaucha sans chichi deux jours plus tard dans ce grand lupanar. Voici, extrait de son journal intime, et brut de décoffrage, son opuscule qui ne manque pas de rimer avec…

A la sainte Catulle, « J’arrivais aux Belles-Poules, 32 rue Blondel (Paris 2ème), la plus cocotte des maisons closes parisiennes. C’était le printemps et j’en avais 17… Ce bordel très bien tenu transportait un brin de campagne (et lots de campagnards) à Paris, c’était un temple de la galanterie française voué au plaisir, à la conversation fine et à la débauche organisée. C’était une maison de tolérance mais pas un foutoir… La rue Blondel très étroite et la porte de la maison-close encore plus étroite annonçaient déjà l’intimité légendaire du lieu. Son décor à thèmes, chaque chambre avait sa particularité, plongeait les visiteurs dans d’autres mondes, propices à l’imagination et aux mises en scène les plus débridées, ceci étant pour capter une clientèle fortunée exigeante dans ses fantasmes comme dans ses caprices en tous genres. Fallait des fois se les taper les obsédés ! Manquait que le Nil et ses crocodiles, comme au Sphinx. Les Belles-Poules marquaient au fond la rencontre triomphale de la sexualité et de l’administration car cette maison close était particulièrement bien organisée, policée et surveillée. En ce qui concerne l’ambiance, entre feutrée bourgeoisie de province et hall de gare parisienne selon les heures, c’était plutôt salon où l’on cause ou cosy comme disaient les rosbifs à point nommé. Dès le hall vieil or tendu de velours rouge, nous attendions que les clients se décantent autour d’une bouteille de vrai champagne à 20 francs qu’on appelait entre nous roteuse (oui, allongées et secouées comme des sacs de noix, le champagne a tendance à garder son esprit gazeux). On en buvait beaucoup. Trop des fois… D’autres gagneuses, à moitié nues et ventant leurs avantages, faisaient une haie d’honneur afin d’annoncer le programme des (raies)jouissances.

Aux Belles-Poules y’avait vingt deux chambres et cinq salons répartis sur cinq étages. Ça faisait un paquet de gais lurons qui remuaient à l’unisson, mais heureusement les fondations étaient béton. Le registre des passes y était parfaitement tenu, et le contrôle sanitaire régulier. La propreté impeccable, ce qui se justifiait le plus souvent avec les clients reçus dans ce lupanar de luxe. Un médecin attitré, le Dr J.Nécot, le visitait de façon régulière et nous recevait, nous les pensionnaires, dans un cagibi équipé en cabinet médical, « Longchamp» qu’on l’appelait, rapport aux étriers et aux regards concupiscents du toubib, peut-être aussi à la pelouse et à la peur de gagner le « gros lot »…

Aux Belles-Poules y’avait six sous-maitresses dirigées par notre Madame, Cocotte pour les intimes et les gros clients. Pouliches en fin de parcours, elles faisaient office de contremaîtres, régisseuses et souvent d’inspectrices des travaux finis. Vu ce qu’elles tétaient en champagne, on les appelait plutôt les descendeuses, rapport à nous qui montions. Madame Cocotte nous contrôlait quand même toutes, soixante neuf prostituées pendant les heures d’ouvertures, de 15h à 5h du mat’. Nous faisions chacune trois à quatre passes par jour en semaine, et seulement deux le dimanche, à cause de monsieur le Curé. Le tarif unique était de 30 francs, sans compter les pourboires et les cadeaux de clients très chou. Alors que dans les taules d’abattage du côté de Clichy, ça pouvait aller jusqu’à la centaine de passe par jour pour à peine quelques sous, la syphilis et la crasse en plus.

La Belles-Poules était une maison close très chic et mondaine comme le Chabanais et le One-Two-Two où le client passait un bon moment. On y montait même de véritables spectacles lestes avant d’y projeter des films d’avant-garde (on dirait X aujourd’hui, ndlr), mais malgré le nom du bordel, Cocotte a toujours refusé les spectacles avec animaux. Des artistes, des hommes d’affaires, des hommes politiques, des députés, des sénateurs, des ministres venaient se soulager ici, quelques fois plusieurs nuits par semaine. Ils disaient à leurs pauvres moitiés cocues qu’ils étaient en commission au Sénat ! Tu parles, Charles… Ce qu’ils mettaient dans l’urne, c’était pas des bulletins d’vote où alors j’ai rien compris à la République … Et les jetons de présence dorés, c’est bibi qui les empochait. J’suis prête à témoigner…

La Belles-Poules était fréquenté par le haut du panier, le gratin et pas de nouilles. J’y ai rencontré Mistinguett et Marlène Dietrich, Degas, Toulouse-Lautrec qui était un drôle de loustic mais aussi Jean Gabin avec qui je suis montée plusieurs fois et qui manœuvrait comme un dieu pas que les grosses locomotives à vapeurs… Y’avait du beau linge et des histoires d’amour. C’était le bon temps même pour nous les pétroleuses. Car si on picolait un peu, beaucoup ne se droguaient pas… Mais ceci ne dura qu’un temps, la triste loi Marthe Richard du 13 avril 1946 fit fermer toutes les maisons closes, cent soixante dix sept rien qu’à Paris. Même le Sphinx, et ce malgré la protection du ministre de l’Intérieur de l’époque Albert Sarraut. Alors, aujourd’hui que je suis vieille, je pleure souvent en pensant aux pauvres gosses à moitié droguées qui se tuent à tapiner à pas d’heures sur les trottoirs dans le froid et qui ont même pas un bidet sous la main pour se rincer le gagne-pain, ni un robinet pour se rincer les mandibules ».

Lolotte Plumier travailla à la Belles-Poules jusqu’en 1936. Elle avait 37 ans à l’âge de la retraite. Elle mourut en Champagne, à Bergères-lès-Vertus, promis-juré-craché, des suites d’une vieille syphilis mal soignée sur les étriers de Longchamp… Comme quoi les champs de course, la vie en général et la mort en particulier nous réservent bien des surprises… Celle qui avait été baptisée Plume, Plumard, Plumier, se rangea des voitures avec un joli pactole, gouaillant comme les riches « Il est pas question que Monsieur Blum me casse la tirelire ou que j’me tape des congés-payés… » Outre ce préambule (de Champagne), elle a aussi laissé des pages plus ou moins osées sur ses rapports singuliers. Ces feuillets exclusifs suivront cette 1ère partie après dépoussiérage.

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