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Régine Rebour, patronne des costumes bretons. Tressignaux
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Régine Rebour, patronne des costumes bretons. Tressignaux
Dans un joli jardin clos, tout près de la Croix de Pierre à Tressignaux, une enseigne métallique indique l'entrée de l'atelier Au Fil du Leff, l'antre de Régine Rebour.
13/04/2016 à 18:17 par Administrateur
“« Sur un front lisse et pur, finement épinglée, Tu m’évoques ma mère, ô coiffe du Trégor, Et, dans ta conque frêle avec art ciselée, C’est toute la chanson de mon passé qui dort… » Anatole le Braz.”
Cornette du Trégor, toukenn paimpolaise, aile de pigeon de Quintin, cocotte de Plélo, bonnet de Saint-Brieuc ou des champs, capot de Bréhat…. Des noms singuliers, symboles d’une époque où les femmes se « coiffaient », oeuvres tout en délicatesse inspirant les poètes et autant de trésors pour Régine Rebour, couturière aux mains d’or.
Suspendu aux fils du temps
Entre les draps de laine, les voiles de soie, un velours dévoré, le lin ou le chanvre, les coiffes, les costumes traditionnels, les machines à coudre et les fers, quelques ouvrages de référence, les croquis et les notes, que l’artisane passe une bonne partie de ses journées. Un endroit magique pour qui aime les belles matières, l’excellence manuelle, où l’on est comme suspendu aux fils du temps.
Couturière ethnologue
Car ce qui intéresse avant tout la couturière « c’est l’histoire des gens ». Ainsi, lorsqu’une personne lui apporte une coiffe, un tablier, après des années passées dans un grenier dans l’espoir de les restaurer, le premier travail effectué est celui d’une ethnologue : « quelle personne l’a porté, à quelle époque, dans quel village ? »
Un travail de collectage, de regroupement d’informations indispensable à son travail. Sa très bonne connaissance des textiles et du tissage l’amène à pouvoir établir une fiche précise.
Puis vient le temps du moulage pour reproduire chaque pièce de la coiffe. « Je patronne », dit-elle, évoquant la création d’un patron, puis à nouveau et encore une fiche de travail. Un classeur de notes, de fiches, de croquis pour chaque ouvrage. Un gros travail réclamant minutie et patience.
Car ce qui lui tient à coeur aussi, « c’est de pouvoir transmettre, aujourd’hui et plus tard. Je reçois toujours avec plaisir des jeunes, issus d’écoles de stylisme ou d’ailleurs ». Et même si elle pense cesser son activité professionnelle d’ici deux d’ans, retraite professionnelle oblige, « je continuerai à transmettre, à aider ».
Avec cette idée que tout ce travail de collectage, toutes ces fiches conservées puissent être utiles à un stagiaire ou à quiconque souhaitera en profiter. L’apprentissage, la formation et la transmission, des valeurs qui ont du sens pour la couturière.
La passion du trait
Celle qui a la base désirait une carrière dans le dessin industriel, « pour la passion du trait », au grand regret ses parents, intègre malgré elle une école de couture, à Saint-Brieuc. La rencontre ensuite avec « d’excellents professeurs » lui révèle un goût singulier et une aisance certaine pour la couture, la coupe, le modélisme.
Trois ans passés à travailler dans le prêt-à-porter pour de grandes marques lui permettent ensuite d’asseoir le précieux apprentissage. Si une autre activité professionnelle l’éloigne quelques années de ses coupes et étoffes, c’est en intégrant, comme danseuse, il y a 17 ans, le cercle celtique de Tressignaux, qu’elle retrouve sa passion. Sans avoir au départ évoqué ses connaissances en la matière, elle s’est vite aperçu des besoins du cercle, notamment de coiffes à l’identique, et la possibilité de pouvoir satisfaire cette demande.
Ensuite, parce que « quand on veut quelque chose il faut se prendre en main », les stages de formation (patronage, histoire du costume, broderies bretonnes, broderie en tulles…) viennent enrichir sa culture et sa technique, permettant de surcroît de précieuses rencontres : Paul Balbous, son mentor, « un très grand brodeur breton grâce à qui j’ai compris beaucoup de choses. » L’un de ses maîtres à penser avec Michel Guillern, un autre spécialiste « qui tient la route », animateur au sein de l’association Kendalc’h qui oeuvre à la promotion et la transmission du patrimoine de Haute et Basse Bretagne.
Rester dans le noble
Autres sources d’inspiration pour la couturière, les ouvrages de référence posés sur les étagères de l’atelier. Coiffes et costumes des Bretons de Jean-Pierre Gonidec, archiviste au musée de Quimper, un « historien du costume », les aquarelles et dessins de François-Hippolyte Lalaisse, qui parcouru la Bretagne au XIXe pour établir un relevé des costumes traditionnels à la demande de l’éditeur nantais Charpentier .
Enfin « la bible », Le Costume Breton par René-Yves Creston, une forme de renouveau du costume traditionnel à l’image de l’esprit d’Ar Seiz Breur et « l’ouvrage préféré des couturières ». À ce sujet, elle cite également L’Atelier Musée du tissage, à Uzel, un joli petit musée retraçant l’histoire des maîtres tisserands et des orientations artistiques d’autres artistes du mouvement breton comme Jeanne Malivel.
De Jersey à Hong-Kong
De toute cette tradition naissent les propres créations de Régine Rebour, à l’instar du styliste de dimension internationale Pascal Jaouen, avec cette idée que « si on veut rester dans le beau, il faut rester dans le noble ». Un état d’esprit qui la guide aussi pour son travail auprès des cercles de danse locaux, notamment ceux de La Méaugon ou de Saint-Quay-Portrieux, en collaboration étroite avec les chorégraphes. « Je les conseille au mieux, pour les aider, en restant fidèle au traditionnel ».
Celle qui privilégie les matières d’origines, naturelles, dans le respect du terroir et de son histoire, regrette parfois, au gré d’une tendance « spectacle », des matières un peu trop brillantes, des choix d’étoffes qui ne sont pas des plus judicieux.
Si la couturière rayonne au niveau local, son savoir-faire s’exporte tout autant. Ainsi, un capot vient de partir pour un cercle de danse à Bruxelles, un autre a rejoint une collection sur l’île de Jersey et il y a deux, ans, une Bretonne désirant monter un cercle celtique à Hong-Kong lui a aussi passer commande.
Ce travail de conseillère ou de confection pour les cercles celtiques l’occupe une grande partie de la saison estivale. Dès la mi-septembre jusqu’à la fin janvier, Régine Rebour peut se consacrer aux demandes des particuliers, au travail de collectage et à la renaissance de ces trésors de notre patrimoine, oubliés au fin fond de nos greniers bretons.
Au Fil du Leff. Régine Rebour. Tél. : 02 96 65 38 35 : 06 80 71 86 31. Site : coutureettradition.e-monsite.com
http://coutureettradition.e-monsite.com/
David Kerhervé
13/04/2016 à 18:17 par Administrateur
“« Sur un front lisse et pur, finement épinglée, Tu m’évoques ma mère, ô coiffe du Trégor, Et, dans ta conque frêle avec art ciselée, C’est toute la chanson de mon passé qui dort… » Anatole le Braz.”
Cornette du Trégor, toukenn paimpolaise, aile de pigeon de Quintin, cocotte de Plélo, bonnet de Saint-Brieuc ou des champs, capot de Bréhat…. Des noms singuliers, symboles d’une époque où les femmes se « coiffaient », oeuvres tout en délicatesse inspirant les poètes et autant de trésors pour Régine Rebour, couturière aux mains d’or.
Suspendu aux fils du temps
Entre les draps de laine, les voiles de soie, un velours dévoré, le lin ou le chanvre, les coiffes, les costumes traditionnels, les machines à coudre et les fers, quelques ouvrages de référence, les croquis et les notes, que l’artisane passe une bonne partie de ses journées. Un endroit magique pour qui aime les belles matières, l’excellence manuelle, où l’on est comme suspendu aux fils du temps.
Couturière ethnologue
Car ce qui intéresse avant tout la couturière « c’est l’histoire des gens ». Ainsi, lorsqu’une personne lui apporte une coiffe, un tablier, après des années passées dans un grenier dans l’espoir de les restaurer, le premier travail effectué est celui d’une ethnologue : « quelle personne l’a porté, à quelle époque, dans quel village ? »
Un travail de collectage, de regroupement d’informations indispensable à son travail. Sa très bonne connaissance des textiles et du tissage l’amène à pouvoir établir une fiche précise.
“« Je décortique : le type d’étoffe, de dentelle, son origine, son utilisation. Tout ce qui passe entre mes mains est référencé. »”
Puis vient le temps du moulage pour reproduire chaque pièce de la coiffe. « Je patronne », dit-elle, évoquant la création d’un patron, puis à nouveau et encore une fiche de travail. Un classeur de notes, de fiches, de croquis pour chaque ouvrage. Un gros travail réclamant minutie et patience.
Car ce qui lui tient à coeur aussi, « c’est de pouvoir transmettre, aujourd’hui et plus tard. Je reçois toujours avec plaisir des jeunes, issus d’écoles de stylisme ou d’ailleurs ». Et même si elle pense cesser son activité professionnelle d’ici deux d’ans, retraite professionnelle oblige, « je continuerai à transmettre, à aider ».
Avec cette idée que tout ce travail de collectage, toutes ces fiches conservées puissent être utiles à un stagiaire ou à quiconque souhaitera en profiter. L’apprentissage, la formation et la transmission, des valeurs qui ont du sens pour la couturière.
La passion du trait
Celle qui a la base désirait une carrière dans le dessin industriel, « pour la passion du trait », au grand regret ses parents, intègre malgré elle une école de couture, à Saint-Brieuc. La rencontre ensuite avec « d’excellents professeurs » lui révèle un goût singulier et une aisance certaine pour la couture, la coupe, le modélisme.
Trois ans passés à travailler dans le prêt-à-porter pour de grandes marques lui permettent ensuite d’asseoir le précieux apprentissage. Si une autre activité professionnelle l’éloigne quelques années de ses coupes et étoffes, c’est en intégrant, comme danseuse, il y a 17 ans, le cercle celtique de Tressignaux, qu’elle retrouve sa passion. Sans avoir au départ évoqué ses connaissances en la matière, elle s’est vite aperçu des besoins du cercle, notamment de coiffes à l’identique, et la possibilité de pouvoir satisfaire cette demande.
Ensuite, parce que « quand on veut quelque chose il faut se prendre en main », les stages de formation (patronage, histoire du costume, broderies bretonnes, broderie en tulles…) viennent enrichir sa culture et sa technique, permettant de surcroît de précieuses rencontres : Paul Balbous, son mentor, « un très grand brodeur breton grâce à qui j’ai compris beaucoup de choses. » L’un de ses maîtres à penser avec Michel Guillern, un autre spécialiste « qui tient la route », animateur au sein de l’association Kendalc’h qui oeuvre à la promotion et la transmission du patrimoine de Haute et Basse Bretagne.
Rester dans le noble
Autres sources d’inspiration pour la couturière, les ouvrages de référence posés sur les étagères de l’atelier. Coiffes et costumes des Bretons de Jean-Pierre Gonidec, archiviste au musée de Quimper, un « historien du costume », les aquarelles et dessins de François-Hippolyte Lalaisse, qui parcouru la Bretagne au XIXe pour établir un relevé des costumes traditionnels à la demande de l’éditeur nantais Charpentier .
Enfin « la bible », Le Costume Breton par René-Yves Creston, une forme de renouveau du costume traditionnel à l’image de l’esprit d’Ar Seiz Breur et « l’ouvrage préféré des couturières ». À ce sujet, elle cite également L’Atelier Musée du tissage, à Uzel, un joli petit musée retraçant l’histoire des maîtres tisserands et des orientations artistiques d’autres artistes du mouvement breton comme Jeanne Malivel.
De Jersey à Hong-Kong
De toute cette tradition naissent les propres créations de Régine Rebour, à l’instar du styliste de dimension internationale Pascal Jaouen, avec cette idée que « si on veut rester dans le beau, il faut rester dans le noble ». Un état d’esprit qui la guide aussi pour son travail auprès des cercles de danse locaux, notamment ceux de La Méaugon ou de Saint-Quay-Portrieux, en collaboration étroite avec les chorégraphes. « Je les conseille au mieux, pour les aider, en restant fidèle au traditionnel ».
Celle qui privilégie les matières d’origines, naturelles, dans le respect du terroir et de son histoire, regrette parfois, au gré d’une tendance « spectacle », des matières un peu trop brillantes, des choix d’étoffes qui ne sont pas des plus judicieux.
Si la couturière rayonne au niveau local, son savoir-faire s’exporte tout autant. Ainsi, un capot vient de partir pour un cercle de danse à Bruxelles, un autre a rejoint une collection sur l’île de Jersey et il y a deux, ans, une Bretonne désirant monter un cercle celtique à Hong-Kong lui a aussi passer commande.
Ce travail de conseillère ou de confection pour les cercles celtiques l’occupe une grande partie de la saison estivale. Dès la mi-septembre jusqu’à la fin janvier, Régine Rebour peut se consacrer aux demandes des particuliers, au travail de collectage et à la renaissance de ces trésors de notre patrimoine, oubliés au fin fond de nos greniers bretons.
Au Fil du Leff. Régine Rebour. Tél. : 02 96 65 38 35 : 06 80 71 86 31. Site : coutureettradition.e-monsite.com
http://coutureettradition.e-monsite.com/
David Kerhervé
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