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Qui est Marie Marvingt, la seule femme à avoir couru le Tour de France ?
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Qui est Marie Marvingt, la seule femme à avoir couru le Tour de France ?
Correspondance, Gautier DEMOUVEAUX
Alors que les organisateurs de la Grande Boucle ont annoncé une course féminine pour l’an prochain, retour sur une pionnière du cyclisme. En 1908, Marie Marvingt va suivre à vélo le parcours du Tour, en s’élançant seule, après le peloton masculin…
Il est trois heures du matin en ce lundi 13 juillet 1908 : le peloton du 6e Tour de France s’apprête à s’élancer depuis le pont de la Jatte, situé entre Neuilly-sur-Seine et Levallois-Perret, en banlieue parisienne. Sur la liste des engagés, 162 cyclistes sont inscrits, mais il en manque déjà 48 à quelques minutes du départ.
C’est finalement un groupe de 114 coureurs qui s’élance pour les 14 étapes et 4 488 km. Après ce coup d’envoi en fanfare, une femme prend la route à son tour, dans le sillage des forçats de la route.$
Un Tour de France solitaire
Marie Marvingt, 33 ans, a bien essayé de s’inscrire auprès des organisateurs. Inimaginable pour Henri Desgrange, le patron du Tour et du journal L’Auto, misogyne notoire ! Le cyclisme est selon lui une affaire d’hommes, et il faudra attendre 1935 pour seulement voir les premières femmes à suivre la compétition en tant que journalistes !
Pas échaudé par ce refus catégorique, Marie Marvingt décide donc de s’élancer seule sur les routes. Elle reliera toutes les villes-étapes et bouclera ce tour 1908, comme les 36 rescapés de la compétition officielle. La jeune femme n’en est pas à son coup d’essai à bicyclette, qu’elle pratique depuis son plus jeune âge. Sportive aguerrie, Marie Marvingt est née en 1875 à Aurillac, dans une famille originaire de l’est de la France.
Son père est receveur des Postes, sa mère femme au foyer. « Avant elle, ses parents ont eu trois fils, tous morts au berceau, racontent Lorraine et Clémentine Kaltenbach, dans leur livre Championnes. Quant à son cadet, il est de complexion fragile. C’est donc sur Marie que Monsieur Marvingt, sportif dans l’âme, va reporter toute son ambition. Il veut faire de sa fille une enfant énergique et endurante qui n’hésitera pas à se lancer dans la compétition – y compris sur des terrains jusqu’alors réservés aux hommes. »
La première « sportwoman » de l’histoire
Rapidement, la natation et le cyclisme deviennent ses sports de prédilection. Dès 1904, elle relie à vélo Nancy – la ville où elle grandit, après une mutation de son père en Lorraine – à Bordeaux. L’année suivante, c’est vers Toulouse puis vers Milan qu’elle pédale.
En 1906, elle devient la première Française à parcourir la traversée de Paris à la nage, 12 kilomètres dans les eaux de la Seine. Amoureuse des grands espaces, elle se lance également dans l’alpinisme en gravissant de nombreux sommets dans les Alpes. C’est dans ces montagnes qu’elle découvre les sports d’hiver. Ski alpin, patinage artistique et de vitesse, luge… Elle s’illustre dans toutes ces disciplines en décrochant une vingtaine de médailles d’or, lors de compétitions.
Le 26 janvier 1910, elle remporte également le premier championnat féminin international de bobsleigh de l’histoire, qui se déroule à Chamonix (Haute-Savoie). Bref, c’est une touche-à-tout et une passionnée de sports. Mais c’est aussi une tête bien faite : la jeune femme est titulaire d’une licence de Lettres, tout en étudiant la médecine et le droit, chose assez rare pour une jeune femme de son époque.
Elle en profite également pour apprendre à parler cinq langues, dont l’espéranto, et obtient son diplôme d’infirmière de la Croix-Rouge. Femme indépendante – elle refusera toute sa vie de se marier et d’avoir des enfants -, elle est aussi l’une des premières détentrices du certificat de capacité (l’ancêtre du permis de conduire) qu’elle possède dès 1899, indispensable pour utiliser un véhicule dans l’Hexagone.
Une pionnière de l’aviation
Mais c’est une autre discipline qui va supplanter toutes ses autres passions : l’aviation. « Journaliste à L’Est Républicain, elle effectue son baptême de l’air en couvrant un meeting aérien en 1909 : c’est le coup de foudre ! » précisent Lorraine et Clémentine Kaltenbach. Elle commence par l’aérostation et sera la première femme à traverser la Manche en ballon, quelques mois plus tard. Marie Marvingt poursuit sa conquête des airs en passant son brevet de pilote, qu’elle obtient en décembre 1909. Avant la Première Guerre mondiale, elle effectue plus de 900 vols – presque – sans encombre. Ses prouesses sur terre et dans les airs pousse le journaliste Armand Rio à la surnommer « la fiancée du danger ».
C’est donc tout naturellement qu’elle propose ses services à l’armée de l’air naissante lorsque le conflit se déclare. Pour appuyer sa demande, elle souligne le fait que l’armée russe accepte les femmes. Alors que l’administration française ne répond pas à ses démarches, elle remplace un pilote blessé et participe à deux bombardements aériens au-dessus de la base aérienne 128 Metz-Frescaty.
Pourtant, on lui refuse de combattre dans les airs. Comme elle a une formation d’infirmière, et qu’elle a imaginé avant guerre la conception d’un avion-ambulance, on lui propose de rejoindre le corps médical, à l’arrière du front. Mais Marie Marvingt ne se sent jamais aussi bien que face au danger. Patriote, elle est bien décidée à combattre et c’est déguisée en Poilu qu’elle monte au front, dans les tranchées.
Après 47 jours cumulés en première ligne, elle est démasquée et doit retourner à l’arrière. Mais sa réputation est telle qu’elle est finalement autorisée par le maréchal Foch lui-même à rejoindre le 3e régiment des chasseurs alpins en tant qu’infirmière et correspondante de guerre. Direction les montagnes des Dolomites, sur le Front italien, où on la voit régulièrement évacuer les blessés à skis.
Une fin de vie modeste
Après l’Armistice, alors qu’elle est décorée de la croix de guerre, Marie Marvingt poursuit sa carrière de journaliste et met sa notoriété à contribution pour promouvoir l’aviation sanitaire, en France et dans ses colonies, tout en continuant à piloter. Son engagement lui vaut la légion d’honneur en 1935, alors qu’elle a 60 ans. Elle reprend son costume d’infirmière en 1939 au sein de l’armée de l’air.
En 1941, elle fonde un centre de convalescence pour les aviateurs blessés. Après la guerre, sans pension de retraite, l’ancienne gloire du sport vit chichement, un peu oubliée du grand public. Rest��e alerte, elle continue à pédaler régulièrement, utilisant sa bicyclette, qu’elle a baptisée la Zéphyrine, pour se déplacer. « J’aime le vélo par-dessus tout parce que cela me donne une activité, et puis cela me rend très service car je n’ai pas les moyens de me payer des taxis ! » raconte-t-elle en 1958 lors d’une interview accordée à la télévision. Pour ses 85 ans, elle s’offrira une petite balade entre Nancy et Paris, histoire de se dégourdir les jambes, n’hésitant pas à rouler dix heures par jour !
Elle ne renoncera pas non plus à sa passion pour l’aviation. En 1955, l’US Air Force, reconnaissant en elle une pionnière de l’aviation. Cinq ans plus tard, elle sera même aux commandes du premier hélicoptère à réaction du monde ! Détentrice de dix-sept records mondiaux et seule femme titulaire de quatre brevets de pilote (ballon, avion, hydravion, hélicoptère), Marie Marvingt est considérée en 1963, année de sa mort, comme la femme française la plus décorée.
Si elle s’éteint dans la misère, la presse salue sa mémoire, en France mais aussi à l’étranger : le Chicago Tribune la présente même comme « la femme la plus extraordinaire depuis Jeanne d’Arc… ». Depuis une dizaine d’années, une association de la capitale lorraine se bat pour raviver le souvenir de Marie Marvingt et faire entrer au Panthéon cette féministe qui a su transgresser les normes sociales de son époque.
Le 23 avril dernier, Mathieu Klein, le maire de Nancy, a même écrit au président de la République : « Ce geste constituerait également un soutien appuyé aux soignantes du Grand Est, durement éprouvées par la pandémie de Covid-19, qui apprécieraient la reconnaissance de l’une des leurs. C’est toute une ville qui attend votre décision et dont je me fais aujourd’hui le relais » argumente l’édile. Emmanuel Macron en aurait pris bonne note… Affaire à suivre !
ouest france
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