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Triches, coup tordus… Les pires manigances qui ont fait la légende du Tour de France

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Message par Admin Ven 28 Aoû - 21:46

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Correspondance, Gautier DEMOUVEAUX

Dans son histoire plus que centenaire, le Tour de France a connu au cours de ses éditions nombre de combines, de triches et de coups tordus étonnants. Ces intrigues, parfois dignes de polars, font aussi partie de la légende de la Grande Boucle !

Créé en 1903 par Henri Desgrange, patron du journal L’Auto, le Tour de France rencontre un succès tant populaire qu’économique dès sa première édition. C’est donc tout naturellement que l’année suivante, une seconde édition est envisagée et s’élance de Montgeron en banlieue parisienne, le 2 juillet 1904.

Au programme : six étapes entrecoupées de plusieurs jours de repos, pour un total de 2 429 km. Mais contrairement à l’année précédente, le Tour 1904 frôle le désastre, au point que Desgrange annonce quelques jours seulement après l’arrivée finale à Paris « la fin » du Tour dans son journal, « mort de son succès, des passions aveugles qu’il aura déchaînées, des injures et des sales soupçons qu’il nous aura valus des ignorants et des méchants ».

1904, la pire édition de l’histoire

Les problèmes commencent dès la première étape, lors de laquelle un coursier, Pierre Chevalier, profite de l’obscurité – le départ de ces longues étapes est souvent donné dans la soirée ou en pleine nuit afin que le vainqueur passe la ligne d’arrivée en milieu d’après-midi – pour prendre place dans une voiture et finir troisième de l’étape entre Montgeron et Lyon.

Après les réclamations de ses adversaires, il sera finalement disqualifié dans les jours qui suivent, mais ne sera pas le seul à avoir recours à ce subterfuge au cours de la course !

Pire, lors de la deuxième étape, reliant Lyon à Marseille, les coureurs sont pris à partie par le public. Les faits se déroulent dans le col de la République, à l’aube. Le champion local, Alfred Faure, porte une attaque et s’échappe du groupe de tête où figurent les favoris du Tour, dont Maurice Garin, le vainqueur sortant. La suite est racontée par les coureurs de l’époque : « Nous levons la tête pour apercevoir cinquante mètres devant nous, un groupe d’une centaine d’individus formant la haie de chaque côté de la route ; ils sont armés de gourdins et de pierres ; Faure s’engage résolument et passe ; alors les gourdins se lèvent sur les suivants. »

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Alfred Faure entouré de ses supporters à Saint-Étienne lors du Tour de France 1904. (Photo : Archives municipales de Saint-Étienne)

Ce sont les supporters de l’enfant du pays qui s’en prennent violemment à ses poursuivants ! Il faut l’intervention d’un commissaire de course, qui n’hésite pas à faire usage de son revolver et tire en l’air pour disperser les fauteurs de troubles avant que l’affaire ne se termine dans un bain de sang ! Car plusieurs champions sont blessés, certains ont les membres fracturés.

L’étape est annulée, mais d’autres incidents vont émailler les routes de ce Tour maudit. Au cours de l’étape suivante, les crevaisons se succèdent, des petits malins ayant semé des centaines de clous sur la chaussée.

Enfin, il faut attendre près de quatre mois pour connaître le nom du vainqueur de la course. En effet, la Fédération décide de disqualifier les quatre premiers du classement général pour « graves entorses au règlement », et c’est finalement le jeune Henri Cornet, 19 ans, qui sera déclaré vainqueur.

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À l’issue de ce Tour 1904 chaotique, c’est le jeune Henri Cornet, 19 ans, qui est désigné vainqueur, quatre mois après l’arrivée à Paris. Il reste aujourd’hui le plus jeune vainqueur de l’histoire de la Grande Boucle. (Photo : Wikimédia Commons)


Des histoires d’empoisonnement


Malgré ces méfaits, la Grande Boucle repartira en 1905 et les années suivantes et sera seulement interrompue par les deux guerres mondiales. Si des supporters s’en prendront parfois encore à des coureurs (c’est le cas de l’Italien Gino Bartali en 1950, qui quittera la course avec l’équipe d’Italie après avoir été menacé par des spectateurs, ou du Belge Eddy Merckx en 1975, frappé en pleine ascension du Puy-de-Dôme), l’intégrité physique de certains athlètes sera encore menacée à plusieurs reprises dans l’histoire du Tour, de manière machiavélique : par des tentatives d’empoisonnement, en pleine course !

En 1911, c’est le Normand Paul Duboc qui en est victime. Le coursier talonne alors les deux premiers du classement général et prend l’avantage sur ses concurrents dans la 10e étape, une traversée des Pyrénées entre Luchon et Bayonne, via les cols d’Aspin, de Peyresourde, du Tourmalet et de l’Aubisque. C’est dans cette dernière ascension, alors qu’il est en tête, que Duboc, pris de soudaines nausées, doit s’arrêter au bord de la route. Quelques minutes auparavant, il se désaltérait avec un bidon tendu lors du dernier ravitaillement. Pris de spasmes, il vomit à plusieurs reprises un liquide noirâtre et malodorant, il perdra trois heures sur ses principaux adversaires, et voit s’envoler ses rêves de victoire.

À l’arrivée à Bayonne, la rumeur commence à enfler. On accuse d’abord le directeur sportif d’Alcyon, une équipe concurrente, avant que ce dernier ne soit lavé de tous soupçons. Le coupable est en fait de François Lafourcade, un ancien coureur, qui participait encore en 1910 à la Grande Boucle, dans la catégorie des amateurs.

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En 1911, le Normand Paul Duboc est victime d’un empoisonnement en pleine course, via un bidon d’eau récupéré au ravitaillement. (Photo : Wikimédia Commons)

« En 1908, il avait couru pour Alcyon et en était devenu le soigneur, raconte Pierre Chany dans son ouvrage La Fabuleuse histoire du Tour de France. D’origine basque, né à Bayonne, il s’était fixé à Boulogne-Billancourt pour se spécialiser dans la préparation de breuvages suspects : doping pour les uns, poison pour Duboc ! Il agissait sur commande, à la façon des tueurs à gages d’aujourd’hui. Il fut disqualifié à vie, mais la nouvelle resta confidentielle et il mourut courageusement au front en 1915. »

En 1938, Dante Gianello sera lui aussi victime d’un « incident » similaire, en prenant le bidon tendu par un spectateur. On retrouva trois grammes de strychnine dans son bidon. Heureusement, le coureur marseillais ne l’avala pas en entier. On ne découvrit jamais l’identité de l’empoisonneur, aucune enquête ne fut ouverte…

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Lors du Tour de France 1938, le Marseillais Dante Gianello connaît les mêmes déboires. Au lendemain de sa victoire d’étape entre Cannes et Digne, un mystérieux supporter lui tend un bidon rempli de Strychnine. Le poison aurait pu lui être fatal… (Photo : Wikimédia Commons)

Sabotage du matériel

Le 19 juillet 1937, avant le départ de la 15e étape qui doit relier Luchon à Pau, l’équipe de France s’échauffe avant d’affronter les mythiques cols pyrénéens. C’est à ce moment-là que son chef de file Roger Lapébie tombe au sol, le guidon brisé entre les mains. Après examen, il s’avère que ce dernier a été scié !

Les soupçons se portent sur l’un mécanicien belge de la formation tricolore, qui travaille le reste de l’année pour la firme de cycle française Alcyon. L’équipe de Belgique est donc montrée du doigt, d’autant que Sylvère Maes, le vainqueur sortant, est l’un des favoris encore une fois. À la hâte, on remonte un guidon neuf sur la machine de Lapébie, mais sans porte-bidon. Comme le Français répugne à placer des bidons dans les poches de son maillot, il prend le départ sans rien à boire. Or à l’époque, le règlement n’autorise pas les coureurs à s’approvisionner en boisson en dehors des ravitaillements officiels.

Bravant l’interdit, le coureur français écopera d’une pénalité de 1’30. En représailles, les spectateurs français vengeront leur champion le lendemain, en jetant des pommes de pin et du poivre aux yeux des coureurs belges.

Filouteries

Contourner le règlement pour prendre l’avantage sur le terrain et les concurrents, c’est ce qu’essaient de faire certains coureurs, avec des techniques parfois originales. Ainsi, en 1953, le Breton Jean Robic, déjà vainqueur du premier Tour d’après-guerre en 1947, utilise un subterfuge pour pallier le léger poids de son corps dans la descente du Tourmalet, dans l’étape Cauterets-Luchon. Il utilise un bidon rempli de plomb afin d’alourdir sa monture, un stratagème qui l’aide à gagner l’étape !

L’idée vient du directeur sportif de l’équipe de l’Ouest, Léon Le Calvez, dont Robic est le leader. « Le Calvez ne veut pas entendre parler de dopage, rapporte Ciro Floriani dans son livre Histoires secrètes du cyclisme. Le ravitaillement étant interdit hors des zones réservées, il ne peut pas échanger les bouteilles de Robic en haut du col. Il demande donc à son coureur de simuler un problème mécanique au guidon, de demander à ce qu’on le lui change, et d’en profiter pour intervertir discrètement les bidons. »

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En 1953, le Breton Jean Robic met au point avec son directeur sportif un système ingénieux pour vaincre sa petite taille et sa légèreté. Il leste son bidon de 10 kg de plomb ! (Photo : Wikimédia Commons)

Mais personne n’a pensé que le centre de gravité du coureur serait modifié, et Robic se retrouve bientôt avec un vélo incontrôlable, finissant à terre quelques virages plus loin ! À la fin de la descente, pour ne pas éveiller les soupçons, il jette son bidon à un spectateur en demandant à ce dernier de le remettre à la voiture de son équipe.

« Ce n’est qu’une fois le Tour de France terminé que l’histoire a été découverte et qu’un nouveau point de règlement a été établi : il ne doit y avoir rien d’autre que du liquide dans les bidons, poursuit Floriani. Une rumeur selon laquelle Le Calvez remplissait les bidons de ses coureurs avec du mercure a longtemps circulé dans la profession… »

Contourner le règlement, c’est ce que fera également Jacques Anquetil en 1963, qui simule en pleine course un problème de dérailleur avec l’aide de son mécano, qui sectionne un câble. Le but : changer de vélo au pied du col de la Forclaz pour enfourcher une monture plus légère pour la montée, alors que les changements de machines sont prohibés, sauf en cas d’ennui mécanique… Un subterfuge qui lui permettra de limiter la casse face à ses rivaux Poulidor et Bahamontes et l’aidera à conserver son avantage jusqu’à Paris !

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Message par Admin Ven 28 Aoû - 21:59

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Lors du Tour 1963, Jacques Anquetil saborde son dérailleur pour pouvoir changer incognito de vélo et monter sur une monture plus légère afin de suivre ses rivaux Poulidor et Bahamontes dans le col de la Forclaz. (Photo : Wikimédia Commons)

La poire sans le dessert

Si les histoires de dopages sont malheureusement aussi vieilles que celle du vélo, les organisateurs du Tour de France sont plutôt tolérants ou en tout cas ferment les yeux sur les pratiques d’une partie du peloton. Jusqu’en 1967 et la mort de Tom Simpson en pleine course, sur les pentes du mont Ventoux. L’Anglais est victime d’une insolation mais aussi du cocktail de produits qu’il a ingurgité avant et pendant l’étape.

Dès l’année suivante, les contrôles anti-dopages sont systématiques à l’arrivée de chaque étape. Le vainqueur du jour, les porteurs des maillots distinctifs mais aussi des coureurs tirés au sort priés d’uriner dans un flacon.

Là encore, certains essaient de trouver des combines pour éviter d’être pris par la patrouille. C’est le cas en 1978 de Michel Pollentier. Le Belge vient de remporter la 16e étape qui reliait Saint-Étienne à l’Alpe d’Huez. Il en profite même pour s’emparer du maillot jaune. Surclassant ses adversaires dans la montagne, le grimpeur n’a pas hésité à charger la mule : il a pris de l’Alupin, un médicament prohibé facilitant la respiration en altitude. Dans le peloton, on raconte que le médecin qui effectue le contrôle n’est pas très regardant, et Pollentier se présente au dépistage muni d’une poire sous le bras, remplie d’urine propre, non-contaminée par les produits, reliée à un tuyau

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La mésaventure de Michel Pollentier a inspiré le réalisateur Philippe Harel dans son film Le Vélo de Ghislain Lambert, joué par Benoît Poelvoorde. (Photo : DR)


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Autre film inspiré par une affaire de dopage sur le Tour, The Program, de Stephen Frears, revient sur l’histoire de Lance Armstrong… (Photo : DR)

Malheureusement pour lui, le médecin laxiste vient d’être remplacé par un confrère beaucoup plus sourcilleux. « Mon stratagème a aussitôt été découvert par le toubib comme s’il était au courant », se remémore le principal intéressé dans les colonnes de La Libre Belgique en 2003. Ce dernier lui demande alors d’uriner dans un flacon, sous ses yeux. Pris en flagrant délit, le maillot jaune est exclu du Tour sur-le-champ.

L’histoire récente du Tour sera ponctuée par les affaires de dopage. En 1998, une voiture de l’équipe Festina est interceptée sur des routes de campagne à la frontière franco-belge, la veille du départ du Tour de France. Son coffre est chargé de doses d’EPO, destinées au chouchou du public français, Richard Virenque, et ses coéquipiers. Les coureurs sont exclus de la Grande Boucle.

Une nouvelle fois, la course vacille, comme le raconte à l’AFP en 2018 Jean-Marie Leblanc, patron du Tour à l’époque : « La traque au dopage et aux dopés, menée tout autant par les médias que par la police, va rebondir encore les jours suivants. Le peloton, par deux fois, voudra qu’on en finisse avant d’accepter in extremis de rallier Paris où Marco Pantani sera sacré vainqueur de ce Tour qui ne sentait pas bon : dopage mais aussi délation, règlements de comptes, trahison – bref, un panel des petitesses humaines. »

Car cette logistique et ce dopage d’équipe organisé ne sont pas l’apanage de la formation française. Quelques années plus tard, on apprendra, avec les aveux de l’Américain Lance Armstrong, que l’équipe US Postal avait mis en place un protocole de dopage sophistiqué, permettant ainsi de passer à travers les contrôles. Jamais officiellement contrôlé positif, il sera pourtant confondu en 2012 par les déclarations de ses anciens coéquipiers, tous tombés pour dopage. Le septuple vainqueur du Tour se verra enlever tous ses titres, laissant à jamais un trou dans le palmarès du Tour…

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