Amelia Earhart, pionnière de l'aviation née en juillet 1897 au Kansas

Amelia Earhart, pionnière de l'aviation née en juillet 1897 au Kansas, est, en juin 1928, la première femme à traverser, en tant que passagère, l'Atlantique en avion. Quatre ans plus tard, c'est seule qu'elle entreprend cette périlleuse traversée. Après 14 heures et 56 minutes de vol, elle devient ainsi la première femme à traverser seule l’Atlantique en avion.

Il ne s'agit là que d'un des nombreux exploits de cette aventurière. En janvier 1935, elle entreprend et réussit le tout premier vol en solitaire d’Hawaï à la Californie. Continuant sur sa lancée, elle projette de faire un tour du monde en avion. Cependant, un premier essai est avorté en mars 1935 suite à un accident à Hawaï. Ce n’est que deux ans plus tard qu’elle relève à nouveau ce défi.

Le 21 mai 1937, elle s’envole avec son navigateur (Fred Noonan) depuis Miami vers l’Est. Le 2 juillet, son avion disparaît mystérieusement à mi-chemin entre l’Australie et Hawaï. Malgré des recherches, Amelia Earhart, alors âgée de 39 ans, ne sera jamais retrouvée et sa disparition restera pendant des décennies un mystère alimentant de nombreuses théories

Toutefois, cette affaire pourrait être désormais résolue puisqu’en mars 2018 un anthropologue de l’Université du Tennessee, Richard Jantz, a affirmé que des ossements, retrouvés en 1940 sur une petite île inhabitée du Pacifique (Nikumaroro) et réexaminés grâce aux nouvelles technologies, correspondraient à 99% aux restes d’Amelia Earhart

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Dagmar Rousseau von Werra
La photo date du 24 Juillet 1936.

Ce 24 juillet 1936, Amelia fête en effet son 39ème anniversaire. Et elle se rend à Burbank, en Californie (c'est le siège des usines Lockheed) pour prendre livraison d'un des plus beaux avions jamais dessinés : Un magnifique Lockheed 10E "Electra". C'est devant le moteur droit de cet avion qu'elle pose ici.

Cellules, moteurs et hélices : Pour les connaisseurs cette image à elle seule résume la supériorité naissante de l'aviation américaine telle que, moins de 9 ans plus tôt, un avion ne payant pourtant pas de mine l'avait déjà démontrée en se posant au Bourget après avoir décollé de New York : Je parle bien sûr du valeureux Ryan NYP "Spirit of Saint-Louis" de Charles Lindbergh. Ici le moteur est un autre de ces excellents moteurs radials américains à 9 cylindres, à savoir un Pratt & Whitney "Wasp" S3H1 de 22 litres de cylindrée pesant 392 kg et développant 600 chevaux à 2.250 tours/minute au décollage et jusqu'à 900 mètres d'altitude, puis 550 chevaux à 2.200 tours/minute à 1.500 mètres d'altitude. Et l'hélice est à nouveau une hélice bipale métallique à vitesse constante Hamilton Standard de 3,01 mètres de diamètre. Le tout forme un ensemble compact, léger et d'une simplicité biblique, une véritable merveille, pour l'époque, d'endurance et de fiabilité.

Quant à la cellule, hé bien immatriculé NR16020 l'avion est en fait un Model 10E "Electra" lourdement modifié exprès pour Amelia, d'où son nom "Electra Special". Il a été commandé en mars et coûte 80.000 $ de l'époque (soit env. 1,4 million de $ d'aujourd'hui). La somme a été réunie par la "Purdue Research Foundation" qui a lancé une souscription auprès des Américains. Car c'est cela, aussi, le secret de la popularité de cet avion : Il n'était pas que l'avion d'Amelia, tout le projet n'était pas que le sien, mais --on l'a un peu oublié à l'heure actuelle-- c'était tout un peuple qui était derrière elle.

En soi, le Lockheed Model 10 "Electra" est donc un de ces fantastiques petits bimoteurs ultra-modernes pour l'époque, tout métalliques à aile basse et à train escamotable dont les Américains commencent à avoir le secret. Il a été conçu comme avion de ligne moyen-courrier et emporte un équipage de 2 hommes et 10 passagers. 149 exemplaires de ce magnifique avion seront produits en 5 versions entre août 1934 et juillet 1941.

Et il aura d'ailleurs une descendance nombreuse qui allait rendre de précieux services lors de la 2nde guerre mondiale encore à venir, aussi bien d'ailleurs dans les rôles de transporteur, de bombardier que de chasseur de sous-marins : Ce furent les Lockheed Model 12 "Electra Junior" (devenu C-40 dans l'armée), Model 14 "Super Electra" (devenu "Hudson" dans l'armée), et Model 18 "Lodestar" (devenu "Lexington" puis "Ventura" puis "Harpoon" dans l'armée et la marine).
L'Electra 10E d'Amelia porte le n° de série 1055. Son avion s'appelle donc 10E "Electra Special" car, bien sûr, il n'est pas destiné au transport de passagers mais est modifié pour des vols de record et d'endurance.

Ainsi, outre des moyens de communication radio à la pointe de ce qui se fait alors (émetteur radio Western Electric Model 13C et récepteur Western Electric Model 20B), l'avion dispose d'un pilote automatique de marque Sperry et, surtout, emporte 4 gros réservoirs supplémentaires qui prennent place dans l'ex-cabine passagers dont les fenêtres sont par ailleurs occultées. Tout cela porte la capacité en carburant de l'avion à 4.357 litres, soit un maximum d'env. 28 heures de vol.


Le poste de navigation se trouve vers l'arrière de l'avion et il faut donc ramper par-dessus les réservoirs supplémentaires pour y accéder.
Toutes ces modifications augmentent le poids à vide de l'avion de plus de 360 kg (3.295 kg pour le 10E Special contre 2.927 kg pour un Model 10E standard) et le poids maximum au décollage de presque 60 % (7.484 kg contre 4.763 kg). Bien sûr, cela fait que l'avion n'a pas le droit d'emporter le moindre passager et qu'il ne peut donc transporter que son seul équipage : C'est ce que signifie la lettre "R" ( = Restricted) de son immatriculation.


L'avion, censé être livré fin juin, ne fut finalement prêt qu'à la mi-juillet. Amelia avait pu le piloter dès le 21 juillet, en compagnie du pilote d'essais de Lockheed Elmer C. McLeod, 3 jours avant sa livraison officielle dont on voulait évidemment qu'elle coïncide avec l'anniversaire de l'aviatrice.
Avec cet avion, elle entendait boucler un tour du monde en passant par l'équateur. Hélas, les choses ne se passèrent pas comme prévues.


D'abord la première tentative, dans le sens est-ouest, avorta suite à un accident au décollage le 20 mars 1937 à Hawaï. L'avion, assez lourdement endommagé (aile droite pliée et train & moteur droit arrachés), sera réparé à l'usine Lockheed de Burbank, en Californie.

Puis, l'avion une fois réparé, Amelia et son navigateur Fred Noonan tentèrent le tour du monde dans le sens inverse, soit donc ouest-est. Comme on sait, ils réussirent presque...
Mais hélas, le 2 juillet 1937, l'avant-dernière étape (de Lae, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, vers Howland, un ilôt situé à 4.113 km de là, dans l'Océan Pacifique, dernière étape avant Hawaï), leur fut fatale.

On ne sait guère ce qui s'est passé. Manifestement, l'avion rata l'île mais aussi l'USCGC "Itasca", le bateau que les US Coast Guards, les garde-côtes américains, avaient dépêché sur place. Il y eut plusieurs contacts radio entre l'avion et l'Itasca : À 19 h 12 GMT (0742 heure locale), l'Itasca reçut le fameux message : "Nous devrions être au-dessus de vous mais nous ne vous voyons pas. Le carburant commence à baisser." Puis, à 19 h 30 GMT (0800 heure locale) : "Nous vous entendons mais n'arrivons pas à relever un minimum. S'il vous plaît faites un relèvement sur nous et répondez sur 3105 en phonie." Puis à 20 h 13 GMT (0843 heure locale) : "KHAQQ à Itasca : Nous sommes sur la droite 157 337, nous répéterons ce message sur 6.210 kHz, attendez..." Puis enfin, à 20 h 25 GMT (0855 heure locale), le dernier message : "Nous cherchons vers le nord et vers le sud."


Puis plus rien : Amelia, Fred Noonan et leur merveilleux petit avion qui n'avait pas encore un an d'âge posaient une énigme toujours non résolue à ce jour, et rejoignaient la légende de tant d'autres aviateurs disparus dont on ignore tout du destin...